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Éthiopie, 2007. Lucie, jeune botaniste téméraire, part en mission dans le parc national de l’Omo. Autour d’elle gravitent un zoologue aussi intéressé par les rousses que par les girafes, un ranger insaisissable et un géographe réservé. Des plaines herbeuses aux fourrés impénétrables, Lucie découvre des plantes aux vertus étonnantes, une faune majestueuse menacée et les traditions séculaires des Nyangatom, peuple de guerriers vivant en autarcie dans les collines. Très vite, au sein de ce camaïeu de vert, les relations humaines se révèlent plus intenses, les pluies capricieuses et le danger attirant. Quant aux tombes, elles se creusent à mains nues. Débute alors un voyage aux confins de l’empathie et de la résilience, où les rêves de Lucie se confronteront à ceux des hommes croisant sa route.

Voici un roman qui nous plonge sans ménagement au cœur de la savane africaine, dans un parc naturel éthiopien, là où faune et flore règnent en maîtres. Lucie est botaniste et elle vient de débarquer dans la vallée de l’Omo pour une mission de recensement des plantes et arbres d’un immense territoire très peu peuplé qu’elle répertorie et géolocalise minutieusement. Nous revivons son arrivée à Addis-Abeba, sa découverte de la ville, puis des immensités dans lesquelles elle mène son travail de fourmi. Sans oublier sa rencontre avec le petit monde des chercheurs qui partagent un camp de fortune soumis à des conditions de vie précaires, sans aucun confort.
Dans ce microcosme, chacun est poussé dans ses retranchements pour rendre la vie commune possible. Tous les regards sont tournés vers Lucie qui débute sa vie professionnelle, se mesure au monde, forte de ses convictions, de ses idéaux, de sa connaissance profonde de la nature, de son souci de mieux la connaître pour la protéger. Lors d’un repérage avec un de ses collègues, loin du campement, elle va soudain se retrouver seule, livrée à elle-même, responsable de sa propre survie, sans plus aucune possibilité de contact avec les autres chercheurs. Robinsonne dans un océan de verdure, forte de sa volonté et de sa débrouillardise, elle va vivre une parenthèse initiatique d’une richesse incroyable, notamment auprès des populations locales qui lui portent secours, mais dont elle ne comprend pas la langue. Il y a du Jack London dans ce récit de l’extrême qui rappelle à juste titre que le mot aventure, longtemps associé aux seuls hommes, appartient bien au genre féminin.
Avec ce premier roman, Catherine Godefroid signe une œuvre forte, débordante de générosité, nourrie de sa propre expérience scientifique et professionnelle et son écriture s’y déploie avec une aisance peu commune. Et surtout, elle rend hommage à la richesse et à la diversité du peuple éthiopien qu’elle nous donne à connaître avec un profond respect. A découvrir sans attendre. Dépaysement garanti.

Thierry Detienne