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« Contrairement à Jules César, je ne parlerai pas de moi à la troisième personne. J’estime que cette façon de mettre de la distance entre un ego actuel et un ego du passé, instaurant une sorte d’effet-miroir, présente le risque de dissocier le moi d’une façon permanente : des cas de double personnalité sont avérés... Comme vous le verrez, je suis particulièrement bien i nformé sur tout ce qui touche à la possession d’un corps par une psyché étrangère. »

Plongez en 1898, à Londres, dans une enquête trépidante aux côtés de l’inspecteur Reich et du détective Sigmund Holmes. Ensemble, et avec l’aide du docteur Yungson, ils traquent un malfaiteur jusqu’aux profondeurs du royaume des rêves. Une enquête au rythme endiablé qui les conduira du British Museum à Ostende.

Nous ouvrons ce roman et nous sommes à Londres au début du XX^e siècle, sur les pas d’un médecin qui rentre d’un long séjour aux colonies et qui s’installe dans une pension. Il est accueilli par un autre résident avec lequel il se lie d’amitié et qui le met au fait de son art : il s’est initié à l’hypnose et il collabore avec la police pour élucider des affaires criminelles en interrogeant les victimes préalablement placées sous son emprise. Devenu tout de go son assistant, le narrateur va le suivre dans ses enquêtes les plus incroyables. Notamment celle d’un vol de monnaies anciennes de grand prix commis par un homme qui n’a rien du profil d’un voleur et qui, appréhendé, se trouve dans un état second. Commence alors une traque fabuleuse qui permettra à nos deux comparses de remonter le temps, les amenant à se mesurer à une créature maléfique... Tout cela sur une mélodie très british que sert une plume élégante, dans les effluves de whisky et les volutes des cigares, où se déploient joyeusement l’humour insulaire et le flegme légendaire, y compris dans les pires situations. On croit à certain moment tenir un roman d’un autre âge, un rien sage, de l’époque glorieuse des fondateurs du roman policier, mais il glisse aussitôt vers le monde extraordinaire de l’inconscient tout en puisant dans l’érudition de l’auteur, nous délectant de rebondissements. Nous tenons là une fable à l’empreinte forte qui nous laisse un parfum d’inédit et puis nous nous tournons vers l’auteur, et l’on nous annonce, que cette aventure de haut vol est son un tout premier roman. Respect, Mister Lauwers !

Thierry Detienne