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À quinze ans, Sally vit à Bruxelles, seule avec sa mère, qui a sombré dans l’alcool. De sa famille, restée à La Roche-en-Ardenne, on ne peut plus parler. La vie de Sally prend un nouveau tournant quand elle découvre que le mari de sa voisine Eva, sympathique septuagénaire, a mystérieusement disparu. Sally se lance alors dans une enquête, qui la mènera plus loin qu’elle ne l’imaginait. Sur la piste de Michel, l’adolescente voit resurgir les questions étouffées depuis des années. Pourquoi sa mère l’a-t-elle éloignée de sa famille ? Cherchait-elle uniquement à la protéger, comme elle le prétend ?
Un roman sur la solitude et la maladie, une histoire de rencontres, une quête moderne, un chemin sinueux pour se (re)trouver.

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Rendre avec justesse l’adolescence dans un roman ne va pas de soi. Sally va avoir seize ans, elle vit avec sa mère et ne prend goût à l’école que grâce à quelques professeurs hors pairs. Avec eux, elle découvre les joies de la lecture, le plaisir d’apprendre. Et puis elle vient de faire la connaissance d’Éva, une de ses voisines qui pourrait être sa grand-mère. Cette dernière, qu’elle a secourue devant sa porte après une chute, lui ouvre grands les bras. Il faut dire qu’à l’appart, ce n’est pas la joie. Sandra, sa mère, est sous l’effet de l’alcool dès le matin et Sally doit lui donner plus d’assistance qu’elle ne peut en espérer en retour. Livrée à elle-même, elle fait cependant preuve d’une résilience admirable, puisant ses forces dans la musique, la lecture et surtout l’amitié. Avec elle, nous prenons un bain de jouvence casque sur les oreilles, nous vivons les rencontres qui ouvrent l’esprit, nous tombons amoureux, nous mesurons les nuances subtiles entre amitié et amour. Et surtout, nous éprouvons de l’intérieur les craintes constantes de ceux qui accompagnent un proche alcoolique, la puissance du déni qui les possède. Jusqu’au jour où les démarches sont faites pour affronter la maladie et reconstruire une vie sans. Ici, point de morale à deux sous ni de misérabilisme. Sally vit ses contradictions et affronte ses points d’ombre. Elle trouve la force d’élucider son propre passé, sur lequel sa mère a posé une chape de plomb, après avoir fait de même pour Éva, que son compagnon a quitté sans explication depuis des années. Nathanaëlle Pirard, qui a sans nul doute tiré parti de son vécu d’enseignante, nous a donné un premier roman au ton vif et généreux, pleinement ancré dans notre modernité, qui va au cœur des problèmes tout en célébrant la légèreté, cette vertu qui permet souvent de faire face au pire et de rêver l’avenir.

Thierry Detienne