Qui d’entre nous peut prétendre à la connaissance des dieux ?
« Vous serez des témoins, et seulement des témoins, de ce qui est pour vous l’inhabituel et l’inexplicable mais qui est pour nous dans la nature des choses. Peut-être alors comprendrez-vous que ce que vous percevez n’est pas le monde mais seulement un modèle du monde. Nous disposons du modèle mais nous ne sommes pas le monde. »
Liégeois et Liégeoises ont appris la patience en attendant leur tram durant de longues années. Tous et toutes ont désormais une belle occasion de lire des nouvelles de station en station : 23 textes originaux par 23 plumes liégeoises pour 23 stations de Sclessin à Coronmeuse. L’idée m’est venue en observant les regards des voyageurs plombés sur la surface lisse de leur téléphone portable pendant un trajet en train. Je me suis dit: ce beau lombric de verre et de métal brillant doit être un moyen de circuler dans le passé, dans l’avenir, par la lecture. J’ai jeté cette idée dans les boites électroniques d’une trentaine de plumes, toutes liégeoises ! Vingt-trois se sont lancées sur leur ordi pour saluer le retour du tram prodigue en notre bonne ville de Liège. Avec la jolie préface d’Armel Job et le bouquet final signé Julien Moës, c’est un volume de textes courts qui ose défier l’uniformité des rails du temps présent.
Juste avant l’arrivée des Américains, en septembre 44, tous les bébés de la Maternité des Ardennes ont été emmenés en Allemagne. Tous... sauf un, semblerait-il. Mais comment cela a-t-il été possible ? Et pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Comment sa mère a-t-elle fait pour le garder, plutôt que de l’offrir au IIIe Reich, comme c’était la règle ? Comment s’est-elle arrangée pour rester avec lui en Belgique, tout en échappant à l’Épuration ? Et qui était ce géniteur dont elle s’obstine à taire le nom, au- delà des années ?
À l’approche de sa mort, un pianiste centenaire, enfant abandonné à la naissance, revient sur le passé inconnu de Suzanne, sa mère, dont il extrapole la vie pendant et après la Première Guerre mondiale. Le vieil homme reconstitue l’histoire de la jeune Suzanne meurtrie par le massacre de sa famille et la violence de l’occupation ennemie à Liège. Seule la danse la tient debout. Elle décide de s’enfuir en abandonnant son bébé nouveau-né dont elle ignore qui est le père et traverse l’océan Atlantique, l’âme en peau de brouillard, pour répondre au besoin de main-d’œuvre domestique du Canada, mais aussi afin de retrouver à Montréal ce soldat québécois qui a combattu aux côtés de son frère tant aimé disparu dans les tranchées.
Mon fils est arrivé hors d’haleine dans notre chambre : « Parrain m’a donné un chien ! Il est à moi. Regarde, Papa, il sait déjà qui je suis. Viens, Oscar, viens. » Le chiot n’a pas bougé, il mâchouillait un coin du tapis.
— Nous n’avons pas de place pour un chien à la maison. Tu prends ce chien et tu le reportes dans le chenil.
— Ah ! Tu n’as pas compris, le chien reste ici, mais il est à moi, je viendrai passer toutes les vacances ici pour m’en occuper. Parrain l’a promis. »
Luca et Isabelle, une romance née sur les bancs de la faculté de sociologie. Et entre eux, l’inséparable Pierre-Henry. Lorsque le ventre d’Isabelle s’arrondit, l’amitié impose Pierre-Henry le bien né comme parrain. Mais trois à vouloir se partager l’amour d’un enfant, n’est-ce pas un peu trop ? Cadeaux incessants, présence envahissante, captation d’affection, tous les coups sont permis. Pourquoi Luca n’impose-t-il pas sa loi ?
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